Je plante le décor:

Je suis au super marché, avec mes trois pioupious, munis chacun de leur petit caddie, pour acheter les bonbons destinés à l’anniversaire de l’ainé… situation explosive!

Les achats se déroulent bien, les pioupious me suivent avec leur engin, déposent leur butin sur le tapis de la caissière qui encaisse la cliente devant nous… et se met à discuter avec cette dernière.

Pioupiou n°1 escalade la barrière, je le rappelle à l’ordre, pioupiou n°3 l’imite, je le fais descendre. Pioupiou n°2 se couche par terre, pioupiou n°3 fait de même, je leur demande de se relever, avec un calme exemplaire et en fusillant des yeux la caissière qui n’a manifestement pas remarqué que nous étions là.

Pioupiou n°3 décide de passer dans la file d’à côté, je vais le chercher en lui expliquant que je ne lui lâcherai plus le bras jusqu’à la voiture, tout en avançant ostensiblement mes achats vers la caissière, toujours pas décidée à bouger son cul bordel faire son travail.

Lorsqu’enfin sa conversation se termine, pioupiou n°3 manifeste son désaccord avec ma décision de lui tenir le bras à coups de hurlements et de pleurs. La caissière décide alors dans un élan de générosité de me venir en aide avec un merveilleux: « si tu n’arrêtes pas de pleurer, un monsieur va venir te chercher. » Je la fusille du regard, et elle me lâche un non moins somptueux « Avant, il n’était pas comme ça » Oui, j’habite à la campagne, les caissières connaissent mes enfants sur le bout de leurs ongles manucurés. Je réponds entre les dents, lui laissant le bénéfice du doute sur son reproche à peine voilé, « effectivement, il grandit ». Mais la pro de la discipline ne peut s’empêcher de préciser « oui, enfin, il y en a qui grandissent bien. » Nouveau regard noir de ma part, je ne réponds pas, de peur d’exploser, je récupère ma carte, lui souhaite une excellente journée, fulminant intérieurement, tourne les talons sans écouter les explications bafouillées de Mme éducation qui a compris trop tard que ses propos étaient déplacés.

Vous l’aurez compris, je suis encore très blessé, énervée, frustrée de ce désagréable échange avec la caissière de mon village. Pourquoi est-ce que je vous raconte cela, me demanderez-vous? Et bien parce-que si moi, Rigolett, professeur des écoles, maman de trois pioupious, adepte de l’éducation sans violence et documentée sur le sujet, je me sens agressée et déstabilisée par une caissière se permettant de me juger à travers le comportement de mes enfants, je me demande comment peuvent se sentir des parents d’élèves face à nous professionnels, lorsque nous les recevons dans notre fief, pour, le plus souvent avouons-le, leur parler des difficultés de leur enfant. J’imagine combien les petites phrases, lâchées négligemment peuvent avoir l’effet de bombes…

Alors, oui, nous sommes parfois agacés par les parents qui ne sont pas assez ceci ou trop cela, qui ne rendent pas les cahiers à temps où qui nous harcèlent à la grille pour nous parler de leur progéniture. Soyons néanmoins attentifs à nos propos, à nos jugements hâtifs, à notre regard. J’ai déjà écrit dans l’article bienveillance pour tout le monde qu’il me semble indispensable de porter un regard bienveillant sur les parents d’élève. Ce long article est une petite piqûre de rappel (me servant accessoirement de défouloir pour évacuer ma rogne contre la grognasse!)

6 pensées sur « J’ai mal à mes enfants! ! »

  1. Mayleb
    dit :

    D’accord avec toi sur tout. Mais là je pense à une famille avec laquelle je pensais avoir établi une relation de confiance en plus d’un an. Elle m’a menti et a menti à tout le monde et résultat: demande d’AVS refusée par la MDA (enfant qui a 2 ans de retard), matériel de la trousse pas renouvelé, … Quand la maman est venue me demander mon avis sur le refus, ma bienveillance est restée en veille.

  2. nathalie
    dit :

    Tout à fait ok avec toi sur le fond. Par contre, moi je n’hésite pas à répondre face à ce genre de propos 😉 ca donne « il a été très sage durant toutes les courses, je trouve que c’est déjà très bien, après le temps d’attente à la caisse lui a semblé trop long, à moi aussi, on ne l a pas manifesté de la même façon mais il a 30 ans de moins d’expérience donc c’est pas si mal » grand sourire et à bientôt madame 😉 Sinon, oui totalement d’accord avec la bienveillance que nus devons témoigner aux élèves et à leurs parents, ce qui leur permet aussi à eux par enchainement de l’être avec leurs enfants.


  3. Valentinou
    dit :

    Je plussoie à 200% ; quand j’étais en PE2, j’ai eu la chance de rencontrer une formatrice qui était à fond sur l’éducation bienveillante, elle nous a montré ce point de vue, et depuis je m’efforce de toujours faire attention lorsque je rencontre des parents. Attention aux jugements hâtifs, attention aux mots, attention à la difficulté qu’un parent peut ressentir à entendre des choses pas forcément agréable sur son enfant.


  4. Loustics
    dit :

    Je suis à 20000% d’accord avec toi…
    C’est tellement facile de juger ….et c’est encore plus grave quand on juge sans connaitre vraiment la vie des gens. Maintenant je pars du principe que chacun fait de son mieux et que personne n’est parfait et peut se tromper…même moi , alors soyons tolérants !!

  5. Lexy
    dit :

    J’espère que vous allez mieux depuis cet incident ! Bon courage et bonnes vacances 😉


  6. rigolett
    dit :

    Oui, merci Lexy! Je ne reste jamais longtemps fâchée! La preuve je suis même retournée faire mes courses! Tu vois, je ne suis pas rancunière! (Oui, c’est vrai je suis bien obligée de faire mes course…)

One thought on “J’ai mal à mes enfants!

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